Vendredi 21 avril : 5e jour
Aujourd’hui nous décidons de séparer le groupe en deux, je pars avec
les plus à l’aise dans la progression sur corde tandis que les autres retournent
à la falaise avec Jeff, Olivier et sous le regard de l’appareil photo de Serge.
L’objectif pour mon groupe est d’atteindre le réseau inférieur par le
puits des chauves-souris, un magnifique P30 plein vide. Ce n’est pas gagné car
je connais encore mal le réseau et il va falloir chercher un peu pour trouver
le fameux passage.
Avant le petit déjeuner nous préparons les cordes et le reste du
matériel collectif.
Je commence cette sortie par un cours sur le portage de kits (sacs de
spéléo), je leur fais bien comprendre que ce truc pénible à porter et
nécessaire à la progression, je leur explique également que dans mon club, en
France certaines personnes les insultent de tous les noms possible. Au final je
les ai trouvé très à l’aise et respectueux du matériel !
Nous partons ensuite en direction des galeries de la grotte. Après de
longues minutes à ramper, douter et espérer, je trouve enfin le fameux toboggan
de 20 mètres qui tombe sur le puits des chauves-souris. J’ai même cru faire un
peu de première à un moment car je me suis faufilé dans une bonne étroiture
avec un léger courant d’air pendant quelques mètres, mais les éclairages des
équipiers restés en arrière m’ont fait comprendre que j’étais revenu sur mes
pas. Il y a encore de la belle première à faire dans cette cavité, en février
dernier Olivier a découvert une nouvelle galerie avec de bonnes dimensions,
donc oui j’y ai cru...
J’équipe le puits rapidement
sans trop de difficultés, je comprends vite pourquoi les chauves-souris. En
effets les chauves-souris s’élancent dans le puits à une vitesse incroyable,
ouvrant leurs ailes au dernier moment dans un bruit assourdissant. C’est un
spectacle auditif impressionnant, on les voit qu’au dernier moment. Dans la
descente, elles nous rasent de très près, comme si elles nous disaient qu’on
était chez elles en nous déstabilisant, je n’ai jamais rien vu de tel.
Certaines études ont prouvé que les chauves-souris sont bien meilleures en vol
que les oiseaux grâce à leurs phalanges et leur sonar naturel qui leur
permettent de se déplacer avec fluidité. D’ailleurs c’est la chauve-souris qui
détient le record de vitesse en vol.
Les haïtiens sont aussi impressionnés que moi, d’autant plus que c’est
la première fois qu’ils sont confrontés à un puits de 30 mètres plein vide.
J’ai vraiment peur qu’ils lâchent la corde pendant la descente à cause des
chauves-souris qui plongent dans le puits à grande vitesse, mais je sous-estime
leurs sang-froid. De toute façon, vu l'épaisseur de la corde et son poids, ils n'iront pas bien loin..
Tous s’élancent avec plus ou moins d’appréhension dans ce
magnifique puits. Une fois l’équipe au sol, je sors la topo de ce réseau et je
les initie à la lecture de carte avec la boussole.
Nous prenons la direction de la galerie au nord, vers la «bat
room ».
On bout de quelques mètres mes yeux s’arrêtent sur une chose
hallucinante !!! A mes pieds se trouve une tarentule /mygale marron,
noire et poilue, la dernière que j’ai vu c’était dans les reportages animalier.
IMPRESSIONNANT !!!! Je pensais vraiment ne pas tomber sur ce genre de
chose. Elle est de bonne taille, elle dépasse la taille de ma paume de main, je
m’approche pour faire quelques photos, je demande à quelqu’un de mettre sa main
à coté pour avoir une échelle de mesure, bien évidemment on est tous pas
serein.. Du coup je mets mon pied à coté pour la photo. Sa vitesse de
déplacement est impressionnante aussi, ça me fait d’ailleurs sursauter, ce qui
fait rire l’assemblée ! En règle générale je n’ai pas peur des bestioles,
mais là c’est juste hallucinant ! Nous continuons notre chemin, on en
croise encore deux ou trois au passage.
La tarentule (mâle)
Chauve-souris (je sais plus son nom)
L’odeur est assez prononcée mais le détecteur de CO2 ne bronche pas,
c’est plutôt une bonne nouvelle connaissant les effets nocifs du guano. Par
précaution, je préfère faire demi-tour afin d’explorer les autres galeries. Les
volumes sont somptueux, le calcaire est d’un beau blanc sculpté. Le sol est
plat, mais très argileux, on s’enfonce pas mal par endroit. On sent également
le peu de passage dans ce réseau, d’après Olivier, seulement une vingtaine de
personnes sont passées par là, j’essaye donc de sensibiliser au max mon équipe
pour limiter les traces de notre passage.
Il est 14h, je décide d’entamer la remontée, avec cette chaleur elle
va être transpirante, il fait 26 degrés dans la grotte, avec très peu de
courant d’air. Même sans bouger on a chaud…
La progression se fait bien mais on a l’impression de sortir de la
piscine tout habillé. Je reste en tête de puits pour m’assurer de la bonne mise
en œuvre des consignes de sécurité. Ce n’est pas encore naturel pour eux de
faire confiance au matériel, mais ça commence à venir.
Nous sortons vers 16h30, sous une petite pluie rafraîchissante.
Je félicite le groupe car je trouve qu’ils ont vraiment assuré durant
toute la sortie. Ils ont un bon physique et un bon rapport poids puissance, ce
qui est un très gros avantage en spéléologie.
Nous rentrons au village pour clôturer cette première semaine de
stage. Ce week-end c’est repos, mais ça s’annonce mal, la pluie s’intensifie
d’heure en heure. Nous restons coincés sous la bâche de la salle à manger
pendant 2h. Nous décidons à bout d’un moment à retourner à la maison à pieds.
Les rues du village se transforment en torrent, ça ravine la terre et les
galets, les 10 min de marche ont suffi à nous tremper de la tête aux pieds.
La journée se termine par une bonne douche, comme à son habitude
froide, mais ça passe bien avec la chaleur.
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